Entraîneur à Anderlecht: Enzo Scifo n’est pas Zinedine Zidane
Une humeur de Jean-Marc Ghéraille.
- Publié le 09-01-2019 à 16h09
- Mis à jour le 09-01-2019 à 16h15
Une humeur de Jean-Marc Ghéraille.
Sans préjuger de son succès futur (ou pas), il faut bien reconnaître que la nomination de Fred Rutten n’a pas déchaîné les passions ni déclenché une hystérie auprès des supporters d’Anderlecht. Parce que d’autres noms plus ronflants, souvent néerlandais il est vrai, ont circulé. Parce que les fans ont encore tendance à réfléchir comme si le club appartenait toujours à la famille Vanden Stock. Celle qui a construit la gloire d’Anderlecht et s’ingéniaient à la perpétuer tant bien que mal en jouant régulièrement sur la nostalgie mauve. Celle des victoires européennes et du foot champagne. Les temps ont changé.
Pour la première fois depuis belle lurette, aucun nom d’un coach belge, disponible ou non, n’a semblé effleurer l’esprit des décideurs. Jadis les Arie Haan, Frankie Vercauteren ou autre Hugo Broos étaient tous revenus au bercail comme coach (souvent avec succès) après avoir brillé comme joueur.
Tant sur les réseaux sociaux que lors de conversations au détour d’une rue ou d’une pompe à essence, les supporters ne peuvent masquer leur déception. Ils ne s’attendaient certes pas à voir débarquer Mourinho ou Van Gaal (quoique…) mais ils espéraient un ancien de la maison, un de ses joueurs élégants qui symbolisait le jeu mauve (de l’époque), un de ses coachs libres et très demandeurs : Enzo Scifo. Même si ses passages à Charleroi, Mouscron (où il a réalisé ses meilleurs résultats) qu’à Mons, il n’a pas épaté la galerie dans des clubs qui manquaient de moyens il est vrai. Sa dernière expérience remonte à l’équipe des Diablotins pour un passage éclair d’un an où il démissionna dans la foulée du limogeage de Marc Wilmots.
Depuis lors, Scifo a volontairement hiberné, a décidé de fuir les médias, de chercher un job de coach mais sans vraiment chercher, a même déserté les adresses où il venait régulièrement. Bref, il a disparu du paysage au point de sortir des esprits. Jusqu’au jour où la nouvelle direction d’Anderlecht, désireuse de soigner son image auprès des supporters, l’avait invité (comme d’autres anciens comme Crasson, Zetterberg,…) à donner le coup d’envoi d’un match et de prendre place dans la tribune aux côtés de Marc Coucke. Il n’en fallait pas plus pour lancer la machine à rumeur. Depuis un rendez-vous envisagé dans un premier temps, Vanhaezebrouck a été viré et l’agenda sans doute trop chargé a reporté cet entretien aux calendes grecques.
Dans l’esprit des supporters d’Anderlecht, Enzo Scifo pourrait imiter un certain Zinedine Zidane qui, en trois ans, a remporté neuf trophées dont trois Ligues des champions à la tête du Real Madrid en deux ans et demi (de 2016 à 2018). Avant de se retirer, geste de grande classe, au sommet de son art. Désolé de décevoir mais Enzo Scifo n’est pas Zinedine Zidane. Certes, sur un terrain, les deux possédaient ce que l’on appelle la classe mais leur parcours en tant que coach est diamétralement opposé. Zizou a pris le temps pour devenir coach Zidane. Il n’est pas devenu joueur-entraîneur à la fin de sa carrière, il n’a pas sauté sur la première proposition alors qu’il était très sollicité (Bordeaux notamment), il a fait ses gammes dans un grand club structuré et qui peut s’offrir le luxe de préparer l’avenir. Zidane, au-delà des entraîneurs de renom qu’il a côtoyés dans sa carrière de joueur, a d’abord appris dans l’ombre d’un grand coach (Carlo Ancelotti) et en passant par l’équipe B du club. Quand il a été appelé à remplacer Rafael Benitez, il était prêt et, avantage non négligeable, il connaissait parfaitement les arcanes du club. Enzo Scifo n’est pas Zinedine Zidane. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de place pour lui dans le staff et/ou l’environnement d’Anderlecht. Comme T2 dans un rôle de médiation, de soutien psychologique, de progression des jeunes, il nous semble(rait) parfait. Dans un premier temps. Pour l’heure, ces places sont pourvues. Qui plus est avec un coach hollandais qui ne parle que le néerlandais. Reste aussi à savoir si Enzo Scifo accepterait une mission d’adjoint. Zidane l’a fait.